Gilets jaunes, fin du mois contre fin du monde ?

Publié le 4 mars 2019
Rédigé par 
floreffe

Le dimanche 2 décembre dernier, 97 000 personnes, inquiètes pour leur avenir et celui de leurs enfants, défilaient dans les rues de Bruxelles pour protester contre l’inertie des élus dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cette mobilisation sans précédent s’est poursuivie par une deuxième marche le 27 janvier, par des actions de désobéissance civile et surtout par les manifestations du jeudi qui voient marcher des dizaines de milliers de jeunes.
Sans quoi, les chemises brunes, à plus ou moins brève échéance, pourraient bien remplacer les gilets jaunes dans la rue.

Conscients qu’ils auront le plus à souffrir de phénomènes météorologiques extrêmes comme des sécheresses, des canicules ou des pluies interminables, de la hausse du niveau des océans ou de l’extinction massive des espèces,… ils ne se contentent plus des discours et des déclarations d’intention mais réclament des mesures concrètes à la hauteur des enjeux.

 

Le mouvement des gilets jaunes contre, notamment, la hausse des accises sur le carburant et la baisse du pouvoir d’achat, s’il semble quant à lui et à première vue opposer économie et écologie, montre bien que le virage vers une société « bas carbone » ne pourra se faire sans justice sociale. Prendre des mesures fiscales qui pèsent le plus lourdement sur les faibles et moyens revenus est non seulement inefficace, mais aussi profondément injuste, mettant même en danger la cohésion sociale.

Les experts climatiques et les scientifiques du GIEC recommandent eux aussi de prendre en compte les réalités sociales dans la lutte contre le réchauffement climatique. C’est ce que fait par exemple la commune de Loos-en-Gonelle dans le Pas-de-Calais, qui a misé avec succès sur l’écologie pour soutenir ses habitants précarisés. Comme les bâtiments publics, les logements sociaux ont été réalisés ou rénovés suivant le principe de l’écoconstruction, pour permettre à leurs occupants de réduire non seulement leurs émissions de gaz à effet de serre mais aussi leur facture de chauffage, qui n’atteint plus, pour certains, que 10 euros par mois !

Il ne s’agit donc pas de choisir entre le pouvoir d’achat et le climat, comme le laisse croire cyniquement le gouvernement Michel. Mais plus globalement, de lutter à la fois contre la dégradation de l’environnement et contre la dégradation des conditions de vie quotidiennes des personnes les plus fragilisées, ici et ailleurs dans le monde.

La lutte contre le dérèglement climatique ne pourra se faire sans l’abandon de l’agriculture industrielle, de la mondialisation du commerce, et de l’industrie et sans une réduction massive des transports ainsi que des consommations d’énergie, qu’elle qu’en soit la source. Cette conversion des activités humaines devra s’accompagner de politiques sociales et fiscales centrées sur l’équité, la solidarité et la répartition des richesses.

Sans quoi, les chemises brunes, à plus ou moins brève échéance, pourraient bien remplacer les gilets jaunes dans la rue.

Cet article est paru dans le toutes-boîtes de mars 2019 édité par la locale Ecolo de Floreffe